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Elles/Ils ont marqué l'ENSGSI - N°2 - Martine Tani

21 août 2024 ENSGSI
Publié par Maelle BEAUCAILLOU
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Enseigner en conscience avec coeur et conviction : Martine TANI, l'art de transmettre et d'innover dans l'éducation.

Explorez dans cet article le parcours enrichissant de Martine TANI, de la sidérurgie à l'éducation, en passant par l'innovation pédagogique, l’approfondissement de la connaissance de soi et de sa qualité relationnelle.

Questions brise-glace :

Pouvez-vous vous présenter de la façon dont vous le souhaitez ?

Je m’appelle Martine TANI .

 

Je suis intéressée par l’humain et son fonctionnement de manière à comprendre les interactions humaines et ce qui les rend délicieuses ou délicates, difficiles et douloureuses parfois. 

 

J’ai toujours manifesté un intérêt pour tout ce qui pouvait me permettre de mieux appréhender ce qui nous caractérise.

C'est pour cela que je dis "je m'appelle", je n'ai pas dit « je suis Martine Tani ». Je suis beaucoup plus que mon nom de famille. (Et heureusement  !).

 

C'est la raison pour laquelle j'ai travaillé beaucoup plus sur le désir d'être que sur la nécessité de faire avec les étudiant-e-s tout au long de mon passage à l'ENSGSI (Ecole Nationale Supérieure en Génie des Systèmes et de l'Innovation).
Finalement, je suis une passionnée de la vie.

Que faites-vous de votre temps libre ?

Maintenant, je n'ai plus que ça, du temps libre. J’ai gagné le « droit » de l’utiliser comme bon me semble.

 

Tout d’abord, je m'évertue à rencontrer du monde parce que j’ai déménagé il y a un an et demi, dans une région où je connaissais peu de monde.

 

Puis, j'ai envie de m'amuser, donc je fais de l'improvisation, du clown… Je m'étonne moi-même ! Je ne dis pas que c'est tous les jours Noël, mais il y a tellement d’occasions où je m’amuse, déjà en arrêtant de me mettre dans des situations qui pourraient m'être pénibles. 

 

 Aussi, je suis en train de rédiger un mémoire sur une approche d'accompagnement thérapeutique psycho-corporelle.

Je n'ai jamais arrêté de me confronter à la nécessité d'éclairer de plus en plus qui je suis, de manière à améliorer mes relations avec la vie, le monde, les gens qui m'entourent, ceux que j’accompagnent et avec moi-même surtout.

Si vous aviez été étudiante à l'ENSGSI, dans quelle association seriez-vous allée ?

Je serais allée à Tsiky ou au GsiMédia pour me permettre de me mettre à la photographie, d’ailleurs je leur passe le bonjour ! 

Si vous n’aviez pas été enseignante quel métier auriez-vous exercé ?

J’aurai travaillé dans l'amélioration de la relation parent/enfant et réciproquement.

 

Notamment en créant des endroits propices à la rencontre et à l'accompagnement de la qualité relationnelle entre les deux, parce que ce n'est pas évident.

 

On nous fait croire que ça l’est, mais non. Il n'y a pas « d'école » qui nous apprend ce que cela signifie d’être parent et comment se sentir au mieux !

La chose qui vous manque de l'ENSGSI ?

Le plus, ce sont les étudiant-e-s, comme disait la chanteuse Barbara :

 

« ma plus belle histoire c’est vous ! ».

 

Ce qui peut me manquer et ce que je cherche plus ou moins encore maintenant, c'est vous. Mais je n’ai pas de regret. Et j’aime en retrouver sur mon chemin…

Barbara : l'histoire d'une voix (RadioFrance.fr)

Avant l'ENSGSI :

Quelles ont été vos études ?

À l'époque, c'était ce qu'on appelait un diplôme d'études supérieures spécialisées, un DESS (bac +5), en management des activités de service, à Aix-en-Provence.

 

Le secteur tertiaire, comme on l'appelle aujourd'hui, était à ses débuts. On se demandait souvent si les méthodes industrielles pouvaient être transférées au tertiaire. Le service à la personne m'intéressait beaucoup, et j'ai eu l'opportunité de suivre cette formation à Aix-en-Provence.

Une anecdote marquante durant vos études ?

Pendant mes études, j'ai une anecdote marquante qui remonte à l'époque du lycée, où je ne savais pas quoi faire comme métier. 

 

Je ne voulais pas continuer des études longues, mais mon professeur principal, qui connaissait d’ailleurs mon frère aîné, m'a encouragée à persévérer. Il apparaissait comme par magie, à chaque tentative de ma part de procéder à des choix d’écourtement. Il m'a beaucoup marquée.

 

Tout comme un professeur à la fac qui, voyant que nous ne comprenions pas, nous a dit que si cela n’était pas clair pour nous, c’est qu’il devait d’abord revoir sa façon de transmettre et ses explications. Ça a été une leçon d'humilité et de pédagogie.

Vos emplois avant l'ENSGSI ?

Avant de rejoindre l'ENSGSI, j'ai travaillé 10 ans dans la sidérurgie.

 

D'abord comme cheffe de produit à la direction commerciale, puis chargée de projet à la direction de la communication interne. C'était une période enrichissante où j'ai appris beaucoup sur la relation humaine, notamment grâce à un patron venant de Renault, une entreprise à la pointe des méthodes « managériales » à l’époque.

 

Ensuite, j'ai travaillé à la direction des achats, un poste très intéressant même si le métier d'acheteuse n'était pas ma vocation. Je me suis rapidement occupée de la conduite du changement de l'organisation de la fonction achat. Cela m’a permis de rencontrer @Claudine GUIDAT, fondatrice de l’ENSGSI. Elle m'a offert l'opportunité de participer à un nouveau projet : la création d’une école. J'ai progressivement quitté la sidérurgie pour intégrer complètement l’ENSGSI.

 

J'ai ainsi pu participer à la création de cette école et plus particulièrement chargée du développement du pôle management et structuration du projet personnel et professionnel, une riche aventure.

 

Pendant l'ENSGSI : 

Votre 1er jour à l'ENSGSI ?

Le jour où je me suis retrouvée devant une promotion entière, je pense que c'est une date marquante qui signe le début de ma carrière à l'ENSGSI.

 

Je ne suis pas universitaire, je ne suis pas enseignante initialement. Alors la première fois qu'on se retrouve face à 50 étudiants, on s'en rappelle !

 

Mais instinctivement, j’ai eu cette envie de transmettre et de progresser dans ce sens.

Combien de temps êtes-vous restée à l'ENSGSI et quel poste avez-vous occupé ?

Je suis restée à l'ENSGSI quasiment 30 ans : de 1993 à fin 2022. 

 

Je n’ai eu qu’un poste : maître de conférences, mais je me suis beaucoup diversifiée.

J’ai d’abord aidé à fonder puis à maintenir toute la cohérence du pôle management, connaissance de soi, développement personnel, structuration du projet personnel et professionnel. 

 

Puis, j’ai fait partie entre autres du comité de direction, du conseil d’école et d’une équipe de présidence avec François Laurent.

Je ne me suis jamais ennuyée !

Le cours que vous avez préféré enseigner et pourquoi ?

Edgar Morin (lejournal.cnrs.fr).

Je ne pense pas avoir eu un cours que j’ai préféré enseigner, mais j'ai eu l'occasion de tester des choses en dehors des canons universitaires.

 

Mon idée a toujours été d'amener des éléments permettant aux étudiant-e-s de s'ouvrir à d'autres dimensions que celles dans lesquelles ils/elles étaient enfermé-e-s sans le savoir depuis leur plus jeune âge.

 

Par exemple, j'ai organisé des conférences sur la physique quantique dans le pôle de management, pour se questionner sur les liens entre la grille de lecture du « réel » proposée par la physique quantique et le niveau relationnel avec soi, le monde et les autres. Mon but était d'aller au-delà des formatages souvent inconscients, surtout lorsqu’on baigne dedans !

 

Cela me fait penser à une citation d’Edgar Morin :

 

« Le problème n’est pas que vous n’ayez pas été éduqué. Le problème est que vous avez été éduqué juste pour croire ce qu’on vous a enseigné, mais pas assez pour remettre en cause tout ce qu’on vous a dit. » 

Et le pire ?

Je ne pense pas qu’il y ait un cours que je n’ai pas aimé enseigner. Mon avantage était que, avant de rentrer à l’ENSGSI, j’avais 10 ans de carrière derrière moi, donc je savais ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Le cadre universitaire m’a permis des audaces.

 

J’ai eu le droit de faire des essais, d’explorer des idées innovantes notamment avec mes collègues Raphaël BARY et Mike REES ainsi que Valérie RAULT et d’autres intervenants dits extérieurs.

J’ai beaucoup apprécié cette liberté.

L'exercice de coaching auprès des étudiant-e-s était-il dur émotionnellement ?

Non, ce n’était pas dur car je prenais soin de moi. C’est un vrai métier qui nécessite une supervision ainsi que  la possibilité d'aller retrouver des personnes qualifiées et nourrissantes.

 

Sinon sans cela, oui, on risque de devenir exsangue ou de faire de l’abus de pouvoir. C’est pour ça qu’il faut rester vigilant. Cela correspond clairement à la déontologie relative à cette profession.

Un enseignement que vous ont appris vos élèves ?

C’est une belle question, je pense qu’ils/elles m’ont aidée à progresser à travers nos interactions. Ils/elles arrivaient à me questionner dans leur posture, ce qui m’a aidé à grandir, à rester jeune, humble et à travailler ma qualité d’accueil, d’écoute hors du jugement.

 

Un autre enseignement que je retire, c’est d’apprendre progressivement que lorsque nous ne sommes pas content-e-s, cela dépend plus de nous que de celui qui nous l’enseigne.

Donc, il faut se demander pourquoi on ressent un mécontentement, ce que cela crée en nous et essayer de ne pas être en réaction négative. Il n’y a pas « les cons » d’un côté et les autres de l’autre, par exemple.

Un conseil que vous donnerez à un-e étudiant perdue-e en ce moment ?

La première pensée qui me vient, c’est de ne pas se précipiter et d’accepter d’être perdu-e. Prendre ce temps-là pour se récupérer et utiliser le système scolaire à fond pour explorer le monde et/ou soi !

 

Un-e étudiant-e qui est un peu perdu-e, voire carrément perdu-e, c'est aussi souvent bon signe ! Ça veut dire qu'il/elle est peut-être en dehors des sentiers proposés mais qu'il/elle n'ose pas y aller, peut-être parce qu'il y a un risque de rejet, de jugement.

 

Donc, on revient aux blessures de rejet, d'abandon, voire d’humiliation par exemple qui nous pilotent malgré nous, depuis très longtemps. 

 

Et c'est cela qui se travaille. S'il/elle arrive à travailler cela, il/elle ne sera plus perdu-e. Je ne dis pas que c'est facile ou confortable. C’est pour ça qu'il y avait du coaching avec Raphaël BARY, Mike REES et  moi, pour soutenir, contenir un peu, pour dire « on n'a pas à faire, on a à être ». Il faut arrêter la guerre. Ça, c'est ma conviction.

 

La paix, ce n'est pas un état entre deux guerres. La paix, c'est un état d'être.

Votre définition de l’innovation ?

L'innovation, pour moi, c'est IN-novation. Le même IN que dans IN-formation.

 

À quelle nouveauté je m'ouvre ? Qu’est-ce que je laisse émerger grâce à d'autres processus que j'ai mis en route ? Quelle innovation est à l’intérieur de moi par rapport à ce que je vis et ce que je me permets de vivre ?

 

C'est cette définition-là qui m’intéresse, et c’est la raison pour laquelle il y avait du développement personnel à l’ENSGSI, car le premier champ d'intervention de la capacité à innover, c'est de conscientiser ses sentiers battus et développer l’audace d’aller ailleurs, autrement, si besoin.

Après l'ENSGSI : 

Une journée type depuis votre départ de l'ENSGSI ?

Ma journée type, c’est « quand je veux ». Ce que la vie me propose !

 

Je me lève quand je veux, je me couche quand je veux, je sors quand je veux, je mange quand je veux, je rencontre des gens quand je veux. J’utilise un ton humoristique juste pour signifier que je suis l’auteur de la qualité de ce que je vis totalement …

 

Je suis libérée de beaucoup d’obligations, donc je déguste et je savoure.

Un parcours d'un-e ancien-ne de l'ENSGSI qui vous a marqué ?

Je ne pense pas qu’il y ait un parcours qui m’ait plus marqué qu’un autre.

 

Plus les ancien-ne- s ont pu se rapprocher d’eux-mêmes, plus je suis émerveillée des choix de vie, de contribution, de création que chacun-e a pu mettre en œuvre.  C’est la base du pôle management : considérer que vous valez beaucoup plus que vous ne croyez. Et notre travail à nous, c'est de vous permettre d’y accéder.

 

Je suis fière de former des personnes qui exerceront une influence dans la chaîne décisionnelle et qui diffuseront, peut-être, plus d’humanité, de bienveillance, de confiance que d’ego. C’est ainsi que nous garantissons la paix.

Un conseil à partager aux ancien-ne-s et aux étudiant-e-s de l'ENSGSI ?

Ce serait d’apprendre à croire en vous et de ne pas démissionner de qui vous êtes. Mais quand je parle de croire en soi, je parle de savoir que peu importe ce qui vous arrive, choisissez la vie.

 

Si vous avez des doutes sur ce que vous vivez, n’hésitez pas à me contacter ou à consulter des professionnel-le-s, à solliciter des ancien-ne-s qui offrent des accompagnements pertinents…

 

 On a le droit de s’appuyer sur les autres et on n’est pas obligé de s’en sortir seul-e, c’est encore une fausse croyance. On a besoin d’avoir ce mouvement de donner et de recevoir.

Le mot de la fin :

Soyez le changement que vous voulez voir advenir dans le monde.

 

Je pense que c'est le travail d’une vie. Tout le reste à côté ne sert qu'à nous aider à nous cibler nous-mêmes. Lorsque l'on rencontre des situations qui résonnent en nous, c'est ce que l'on va faire de cette résonance qui est intéressant.

 

Si tu te dis que tu es nul-le, ça ne va pas te mener bien loin. Sauf à tourner en rond et rester une pauvre victime …Mais si tu te dis que tu vas chercher de l'aide là où tu peux en trouver et que tu avances, ça, c’est le travail d'une vie. Seul le changement est permanent.

 

Et de cette manière, tu n'as jamais fini de vivre et c'est extraordinaire.




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